13 décembre 2024
Hier, je suis allé à la Samaritaine. Pas pour y faire mes courses de Noël, j’aime ma famille et mes amis mais la sensible baisse de mes revenus depuis la fin de ma vie active m’interdit de faire des emplettes en ces lieux luxueux. Je m’y suis rendu très matinalement pour assister à une conférence sur la communication extérieure digitale. C’était très intéressant et assez pointu, même pour le spécialiste que je me flatte d’être. Avant que les débats ne commencent j’ai embrassé la vue sur ce magasin enluminé par les décorations de saison et encore vide de toute clientèle. Cela m’a fait penser au traveling d’ouverture d’Hugo Cabret, un film de Martin Scorsese sorti il y a une dizaine d’années, qui consiste en un survol du Paris des années 30 reconstitué en images de synthèse. Si vous ne vous souvenez pas de cette œuvre dispensable, regardez quand même cette scène sur YouTube, c’est très spectaculaire, très beau et très faux. C’est un peu le sentiment que j’ai eu dans cette grande architecture de fer, restaurée avec un soin tel qu’elle en a perdu son âme. Si l’esthète que je suis – ah vous ne saviez pas ? – apprécie la mise en valeur de ce patrimoine du commerce, l’ancien môme parisien (ça vous le saviez) ne peut s’empêcher de regretter le temps où ces lieux étaient une ruche, tant à l’intérieur qu’à ses abords toujours encombrés de chariots, de ballots, de livreurs et de coursiers pressés. Plus rien de tout cela de nos jours, les rues sont piétonnisées, les bâtiments récurés au point qu’on dirait les maquettes d’un musée en plein air. Tout ceci est net, propre et sans vie. Le seul véhicule que j’ai vu sur le trottoir trop blanc des alentours était une limousine noire stationnant devant l’hôtel Cheval Blanc, attenant à l’ancien grand magasin. Comme j’habite désormais assez loin du centre de la capitale, j’aurais pu envisager d’y passer la nuit, mais je me suis aperçu en consultant mon site de réservation favori que le prix de la nuitée était à 2 273 euros, ce qui est légèrement au-dessus de mes moyens. Je me suis donc levé tôt. Mais je pourrais me rattraper dans les jours qui viennent car pour les fêtes, je vous offre des mâtinées libres de mes élucubrations. Ne me remerciez pas, ça me fait plaisir. Ne vous inquiétez pas non plus nous nous retrouverons une fois ces libations digérées. Vous n’étiez pas inquiets ?