6 décembre 2024
Vous avez le mal de mer ? Moi oui. Enfin pas là maintenant, ne vous inquiétez pas, je ne vais pas salir ce texte. Je veux dire que je suis sujet à la naupathie, c’est le nom scientifique de cette forme de cinétose, autrement dit de mal des transports comme l’explique si bien mon ami Wikipédia. C’est terrible parce que moi, je la chéris, la mer. Je l’admire, surtout quand elle est déchaînée, furieuse et superbe. Mais pas quand je suis dessus. Parce qu’alors, ça devient un enfer. Tu as l’impression que cela ne s’arrêtera jamais, que ta vie ne sera plus qu’écœurement. Il me semble que cela s’aggrave avec l’âge mais déjà tout petit, le mouvement des balançoires du Parc Montsouris me mettait sens dessus dessous. Je suis repassé devant récemment et en les voyant, mon corps s’est souvenu du malaise. C’est dire la profondeur du problème. J’ai malheureusement constaté que les lunettes de réalité virtuelles déclenchaient à peu près les mêmes effets, ce qui m’afflige parce que je suis très curieux de ces technologies. À propos de lunettes, un annonceur m’en avait prêté il y a quelques années. Elles étaient très moches mais supposées régler le problème grâce à un dispositif aussi ingénieux qu’inopérant en ce qui me concerne. Je vis donc avec cette affection qui, il faut le reconnaître, n’est pas très handicapante dans mon très terrestre quotidien. Mais si je vous entretiens de ce difficile rapport au balancement, c’est que j’ai appris l’autre jour que l’un des concurrents du Vendée Globe en était également affligé. Il s’appelle Tanguy Le Turquais et il a avoué du fond de sa coque, qu’il avait été surpris par ces symptômes qu’il pense liés « en partie à l’état de la mer ». Il y a des chances en effet, surtout quand on lit la description de la flotte en question : « C’est n’importe quoi, c’est pas rangé du tout cette histoire, la houle est raide, ça déferle, c’est dans tous les sens, le ciel est rempli de nuages noirs, c’est un mélange à la fois magnifique et à la fois hyper angoissant. » On pourrait presque croire que ce sont le propos d’un des innombrables commentateurs politiques alors que l’interview a été réalisée au large du Cap de Bonne Espérance. C’est tout dire.
