2 décembre 2024
Jusqu’ici j’ai été d’une discrétion remarquable. Quelques allusions ici ou là mais j’ai su conserver une distance prudente face à ce sujet brûlant. Mais il n’est plus temps de tergiverser, l’urgence est là, je mets les pieds dans le plat. Et c’est le cas de le dire car, oui, ce matin je vais vous entretenir de mes chaussettes rouges. Mais, ne manqueront pas de dire certains, pourquoi aujourd’hui alors que le ciel s’assombrit sur notre beau pays ? Parce qu’hier, l’une de mes plus chères amies m’a signalé un article de Madame Figaro titré « La puissance de la chaussette rouge ». Si un organe de référence consacre quelques-unes de ses pages au sujet, c’est qu’il y a urgence, n’est-il pas ? Dire que le papier est dithyrambique est un euphémisme. Je n’en citerai qu’une phrase : « En 2024, la chaussette rouge est devenue un signe de distinction ». J’en rougirais si ma carnation me le permettait. Facile certes, mais justifié. Après tout, je dois habiller mes panards de carmin depuis une bonne vingtaine d’années, c’est dire que la distinction ça me connaît. Toutefois une ombre légère voile cette félicité à la pensée que nombre de lecteurs du Figaro suivront cette mode, me rendant chaque jour moins original. La peste soit des imitateurs, quoique j’en sois moi-même un. Depuis ces années on m’a souvent demandé la raison de ce choix écarlate. Je préférais éluder, particulièrement lorsque l’on me faisait remarquer qu’Édouard Balladur était de cette caste et qu’il commandait ses précieuses chausses chez Gamarelli à Rome. J’ai longtemps nié mais aujourd’hui je le confesse, c’est en effet en m’inspirant de ce Premier ministre que j’ai basculé à mon tour. Mais pas à droite. Ma proximité avec lui concerne aussi le pied gauche. L’un de ses successeurs, tout aussi conservateur, était connu pour en porter également. J’ai déjeuné une fois, en compagnie d’une dizaine de confrères avec François Fillon mais je n’ai pas osé faire tomber ma fourchette pour vérifier sous la table si sa réputation était justifiée. Je ne sais rien des goûts sous-vestimentaires de l’actuel locataire de Matignon qui semble être un homme assez terne. Ce n’est pas forcément un défaut si ça peut éviter de finir en slip. Quelle qu’en soit la couleur.
