12 novembre 2024
La vie n’est qu’une suite d’expériences plus ou moins réussies. Oui, comme le plafond est très bas ce matin, j’ai décidé d’élever un peu le niveau. Et si je vous livre cette réflexion d’une profondeur toute relative, c’est parce que je l’ai vérifiée ce week-end. Rien de grave ou de fondamental, je vous rassure. Simplement, je suis allé visiter l’exposition Paris Photo au Grand Palais. À l’origine, l’idée était d’aller voir l’œuvre d’August Sander, un artiste allemand qui a photographié ses compatriotes pendant des années – notamment avant et pendant la deuxième guerre mondiale — avec un regard unique. C’était la première fois qu’elle était exposée à Paris dans son intégralité. Sauf que je n’avais pas réalisé que ce n’était qu’une toute petite partie d’une énorme foire. J’avais commencé à avoir un doute en voyant les posts de quelques-unes de mes relations les plus éclairées, qui, d’Instagram à Facebook en passant par LinkedIn diffusaient des images d’une foule compacte circulant entre les galeries. Le tout était généralement accompagné de commentaires légèrement désabusés sur le manque d’audace de cette édition. Je n’ajouterai rien à ces avis, d’abord parce qu’il s’agissait de ma première visite, ensuite parce que je n’ai aucune compétence pour en juger et enfin parce que ce qui m’a sauté aux yeux, c’est le public. Une foule dense – semblant respecter un dress code dont le thème était d’être plus remarquable que les œuvres exposées — au sein de laquelle il fallait se faufiler pour apercevoir les images. Celles-ci étaient pourtant très intéressantes, autant que j’ai pu en juger. Pour ce qui est de Sander, il aurait ainsi fallu mesurer deux fois ma taille, qui est pourtant déjà conséquente, pour avoir une chance d’observer celles qui étaient accrochées le plus haut. Et lorsque j’ai eu l’audace de demander à la jeune femme qui semblait être là pour renseigner le public, s’il y avait un moyen d’acheter un livre, j’ai eu droit à un regard condescendant souligné par une moue qui ne l’était pas moins puis d’une réponse négative dans un anglais parfait. Sander a publié ses portraits dans un livre titré « Hommes du XXe siècle ». Je m’en suis soudain senti très proche. Ce qui ne m’a pas empêché de le commander en ligne en rentrant à la maison. En homme du XXIe siècle, parfois un peu décalé.