6 novembre 2024
En ce jour particulier, je vais vous faire un aveu. Rien de déterminant, rassurez-vous, ni de très grave. Juste un petit secret de fabrication. La plupart du temps, je sais en me réveillant ce que je vais écrire dans le texte du jour. Ce n’est pas toujours très précis, mais la ligne directrice et parfois les premières phrases sont déjà plus ou moins dans ma tête. Plus rarement, en réalité cela n’est arrivé qu’une fois ou deux, j’ai le texte en entier ou presque. Presque car ce sont les détails qui au fil des relectures peuvent prendre pas mal de temps. Pour ce matin, je n’avais rien prévu. Ou plutôt, j’avais prévu de ne rien prévoir puisque la teneur de ce que vous lisez dépendait de ce qui s’était décidé dans la nuit de l’autre côté de l’Océan. Et comme vous le savez, le résultat n’est pas celui que nous espérions. J’écris « nous » car je suppose et je n’espère qu’aucun de mes lecteurs ne se réjouit aujourd’hui. Je ne suis pas un spécialiste de la géopolitique, ni de la politique américaine, juste un vieux journaliste média, aussi n’attendez de moi aucune analyse pertinente de ce résultat et de ses conséquences pour l’Amérique et le reste du monde. Vous aurez largement de quoi vous nourrir chez mes confrères éclairés. En ce qui me concerne, je resterai certainement un peu à l’écart de ce bruit pour éviter d’ajouter de l’accablement à la tristesse mais aussi parce que les analyses à chaud sont rarement les meilleures. Je me rappellerai simplement que j’aime mon pays mais que j’aime aussi beaucoup les États-Unis d’Amérique. Aux alentours de l’âge de 10 ans, je suis resté en arrêt devant une image de New York, affiché dans la vitrine d’un supermarché pour ce qui devait être une promotion quelconque et en voyant ces gratte-ciels en bichromie, je m’étais dit, du haut de mes quelques années que j’irai les voir un jour. Ce que j’ai fait à ma majorité. Puis refait assez souvent depuis. J’y ressens des sentiments ambivalents face à cette société à la fois si proche et si étrangère, pour ne pas dire étrange. Mais sur place, l’admiration l’emporte sur la répulsion. Quelques-uns de mes cousins y habitent et ma fille en a ramené son mari, le père de mon petit-fils qui est par conséquent un citoyen américain. En grand-père gaga, optimiste envers et contre tout, je lui prédis naturellement un destin exceptionnel de musicien, de Champion du monde de Formule 1 ou de ce qu’il voudra. Il pourrait même être le 56e occupant du bureau ovale. En 2060. J’aurais 101 ans. Ou pas.