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Sans mot

5 novembre 2024

J’ai craqué. J’ai acheté une guitare la semaine dernière. La nième. Les gens qui comme moi sont atteints du Guitar Acquisition Syndrome préfèrent ne pas être trop précis dans le décompte. Mais c’est moins de dix, autant dire que je me soigne. D’ailleurs quand je dis que j’ai craqué, ce n’est pas tout à fait exact. Disons plutôt qu’à la suite d’une longue traque, j’ai ferré le modèle que je cherchais. Et qu’il est vrai que tel le cobra sautant sur sa proie, je n’ai pas attendu (pas mal non, la métaphore ?) Est-elle chère ? Difficile de se prononcer. Depuis que j’ai repris la pratique, il y a une vingtaine d’années, j’évalue le prix des instruments que je convoite sur l’échelle de ma dextérité. Dit en français, j’achète une guitare dont le prix est à la hauteur de mes compétences. Un peu comme le vin : je ne paierai jamais une bouteille au-delà d’un prix dont mon palais n’est pas capable de déterminer s’il est juste. Et si je vous entretiens de ce sujet somme toute assez futile au regard de ce qui se joue sur l’avenir du monde de l’autre côté de l’Atlantique c’est d’une part parce que je préfère faire l’autruche – dont il faudra que je vérifie un jour si elle fait bien ce qu’elle est supposée faire pour les raisons que nous croyons – et d’autre part parce que j’ai eu une conversation sur ce sujet hier soir lors d’un cocktail qui suivait la conférence de lancement du livre « La Génération Z et le Luxe » (Dunod) dirigé par mon ami Éric Briones. Est-il nécessaire de préciser que ce garçon, également connu sous le pseudo de Dark Planneur, est une sommité sur le sujet ? Ladite soirée était donc consacrée à un débat sur l’attitude que les marques pouvaient adopter pour se faire aimer de ces jeunes gens particulièrement exigeants. C’était passionnant. J’ai écouté très attentivement les interventions, d’autant plus que je ne comprenais pas tous les mots. Il était question de « lore », qui semble vouloir dire folklore, de « fandom », soit un regroupement de fans d’une célébrité, et d’autres idiomes dont je n’ai pas trouvé l’explication sur Google. En réalisant à quel point j’étais éloigné de cette GenZ qui tient en respect l’univers du luxe en utilisant TikTok et Instagram comme des armes de destruction massive de réputation, je me suis soudain senti très vieux. Avec les paroles de My Generation* dans la tête, j’ai alors repris ma moto de boomer pour retrouver ma belle Gibson. Et jouer du blues. Avec un S.

*The Who, 1965