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Peines imaginaires

30 octobre 2024

Je crois être un type assez doux. Ce n’est pas pour me vanter comme vous pouvez vous en douter – non ? – mais je n’aime pas me fâcher et je crois toujours qu’il y a un moyen de s’entendre. Bien sûr, on peut avoir plus ou moins d’atomes crochus, mais cela ne vaut pas la peine de s’énerver. Enfin presque. Parce qu’il y a quand même des gens que je n’aime pas, mais alors pas du tout. Ce sont plutôt des personnalités publiques, politiques ou non, françaises ou étrangères qui me sortent par les trous de nez, entre autres. Ne me demandez pas de nom, vous pouvez en deviner certains. À ceux-là, je réserve un traitement particulier. J’ai en effet un tribunal personnel qui me permet d’infliger des peines imaginaires à ces imbéciles importuns et nuisibles. Ainsi ai-je créé l’interdiction de traverser la rue. À première vue cela semble bien indolore, mais si vous réfléchissez bien, c’est très gênant, surtout si vous habitez dans un petit pâté de maisons. Il y a aussi l’interdiction de prononcer l’article « je » ou de se toucher le visage et toutes autres sortes de châtiments idiots qui ne seront naturellement jamais appliqués dans la réalité. Je me suis aperçu récemment que je n’étais pas le seul à avoir un Code pénal personnel. Ainsi dans « Le Paradis des fous », formidable roman de Richard Ford, le personnage principal imagine que l’Amérique de Trump 1er* dans laquelle se déroule l’histoire pourrait appliquer la peine de mort pour refus de port d’arme. Une sorte de fuite dans la dérision face à notre monde fou. Cela m’a sauté au visage hier soir en apprenant que le ministre afghan du vice et de la vertu, un poste qu’Orwell aurait pu inventer, a interdit la semaine dernière aux femmes d’entendre la voix d’une autre femme dans l’espace public. Ce qui laisse en effet sans voix. Preuve que les talibans qui sont des étudiants en religion, n’ont pas appris cette simple maxime : « Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain ». Elle est de Friedrich von Schiller, je l’ai fait mienne il y a longtemps et elle est malheureusement chaque jour plus actuelle.

*Ai-je besoin de préciser que nul d’entre nous ne souhaite un Trump II la semaine prochaine ? Si par un improbable malheur l’un de mes lecteurs pensait le contraire, qu’il sache que je lui réserverais un traitement d’exception dans l’échelle de mes châtiments.