4 octobre 2024
Tous les matins je me réveille avec trois priorités en tête : trouver une idée pour l’édito, trouver une idée pour l’édito et trouver une idée pour l’édito. Comme j’ai remarqué que c’était ainsi que les nouveaux ministres développaient leur programme, je me dis qu’après tout, faute de maroquin je peux moi aussi faire le perroquet. À propos d’animal exotique, j’ai été interpellé par l’histoire d’un mouflon du Kirghizistan qu’un éleveur américain du Texas a cloné pour en faire une espèce hybride. Ce qui intéressait Arthur Schubarth, ce n’était pas de faire avancer la recherche mais de gagner de l’argent en créant une nouvelle race de mouflons géants en vue d’en faire du gibier. Du gros, car le mouflon argali du Pamir, également connu sous le nom de Marco Polo, est beaucoup plus développé que le modèle ordinaire. Ce qui le rendait plus facile à chasser et plus rentable à exploiter puisqu’il y a plus de viande. Et c’est ainsi que notre éleveur s’est découvert sur le tard, il a 81 ans, une vocation de Frankenstein des champs en important du matériel ADN prélevé sur un mouflon argali pour le cloner et l’inséminer dans un mouton commun. Et il a réussi puisqu’en 2017, un hybride poétiquement baptisé « Montana Mountain King » a vu le jour. Bravo Arthur ! Sauf que c’est interdit. Par toutes une série de lois américaines mais aussi internationales. Il a fallu un peu de temps, mais le savant fou amateur vient d’être condamné à 6 mois de prison et 26 000 dollars d’amende. La morale est sauve, les mouflons argali aussi. Je sais bien que cette histoire peut vous paraître très éloignée de nos préoccupations quotidiennes. Pourtant, au-delà de son côté pittoresque, elle reflète assez bien les extrêmes de notre monde moderne. Depuis qu’on se connaît, vous vous doutez bien que je ne suis absolument pas un adepte de la décroissance. J’aurais même plutôt tendance à croître sans fin comme les cornes d’un mouflon. Mais ce génie humain qui nous fait avancer est toujours contrebalancé par une bêtise tout aussi caractéristique de notre espèce. Un ami très cher me disait souvent que si on inventait le vaccin contre la connerie, les intéressés n’en voudraient pas. Tant qu’on ne les clone pas.