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Faux suspense

1 octobre 2024

Je ne suis pas un acteur. Même si je m’amuse toutes les semaines à enregistrer une petite vidéo pour vous inciter à me rejoindre le dimanche sur The Media Leader, je n’ai aucune prétention ni ambition en la matière. Et quand bien même ce serait le cas, il est bien trop tard pour me lancer dans la carrière. Par contre, comme tout le monde je suppose, il m’arrive d’avoir l’impression d’être dans un film. Oh, pas un chef-d’œuvre, juste une petite scène de suspense. Flash-back. L’action se passe à Paris, un dimanche de septembre. Il est aux alentours de 13 heures lorsque je gare ma voiture sur un emplacement réservé aux livraisons. C’est mal mais étant donné le jour et l’heure, je prends ce risque insensé. D’autant que la raison de ce coup audacieux – vous voyez Ocean 11 ? Eh bien c’est presque pareil – est de déménager quelques objets lourds et encombrants d’un appartement situé précisément en face de la place litigieuse. Entreprise qui nécessite deux voyages. Mais voici qu’à l’issue du premier, je m’aperçois qu’un papillon rouge et blanc frappé de l’infamante mention « Enlèvement demandé » est collé sur le pare-brise. Sans sourciller, mais un peu fébrile – ici la musique devient plus nerveuse – j’accélère le tempo des opérations non sans jeter de temps en temps un coup d’œil inquiet aux alentours, de peur de voir arriver l’exécuteur de l’enlèvement. Mais non, tout ce passe bien, les derniers colis sont enfournés, je m’installe au volant et soudain dans le rétroviseur apparaît le véhicule redouté. La forme est celle d’une dépanneuse mais j’avoue avoir du mal à envisager de l’appeler ainsi, digression supposée ajouter au suspense. Gros plan sur le doigt nerveux qui appuie sur le contact… Et tout va bien, la voiture démarre, je m’éloigne en imaginant le dépit du « dépanneur », m’abstenant de lui adresser un geste vulgaire. Un dernier sourire et rideau. Pas si vite, retour à la boîte aux lettres et à l’enveloppe officielle, laquelle contient sans surprise une prune, enfin une amende. Pour stationnement sur un emplacement réservé aux livraisons. Tarif : 35 euros. Injuste à mes yeux, compte tenu des circonstances de l’infraction. Et un peu cher pour un mauvais film. Mais je paye. Parce que la contestation serait sans issue, mais surtout parce que c’est la loi. Établie par un État de droit qui se trompe parfois mais qui est le garant de notre liberté. N’en déplaise à ceux qui veulent changer le scénario pour en faire un film noir. Ou catastrophe.