30 septembre 2024
Je peux vous poser une question personnelle ? Pas sur vous, rassurez-vous ! Sur ma personne. Oui, ce n’est pas très clair, mais je vous explique. Hier, alors que j’attaquais l’après-midi dans un état de somnolence postprandiale, j’ai été interrompu par une alerte sur mon téléphone. D’un œil encore vaguement opérationnel, j’ai aperçu un message dont la teneur était à peu près celle-ci : « Comment augmenter votre audience sur LinkedIn ». J’ai bien essayé de reprendre mon glissement vers les bras de Morphée, mais trop intrigué par cette accroche, j’ai renoncé à cette activité, si on peut ainsi la qualifier. Je précise qu’il ne s’agit pas de l’un de ces petits formats de bas de page qui t’annoncent qu’« un ingénieur a conçu ce coupe-ongles pour les seniors du monde entier » ou que tu « n’as jamais vu Mylène Farmer comme ça ». Étant très satisfait de mon nécessaire de manucure et n’ayant jamais vu Mylène Farmer, je m’abstiens sans effort. Mais là, il s’agissait d’un message de l’un des médias les plus réputés de notre pays. Un phare vespéral éclairant la sombre actualité de notre monde agité, si vous voyez ce que je veux dire. Quoi qu’il en soit, je clique, ouvre et lit. Et je n’apprends pas grand-chose si ce n’est que le réseau sur lequel vous me lisez présentement est aujourd’hui à la mode, loin de l’image rébarbative que lui donne son interface trop sérieuse. Ce serait une sorte de havre de paix face à la fureur de X, une source de savoirs positifs et d’énergie revigorante pour les actifs de tous âges, là où Facebook ressemblerait chaque jour un peu plus à un Ehpad digital. Soit, mais quid de la promesse qui m’a privé de sommeil ? Pas de recette magique non plus, mais le constat selon lequel les contributeurs les plus suivis sont ceux qui mêlent habilement leur vie professionnelle et personnelle. D’ailleurs une responsable du réseau explique que celui-ci « valorise l’authenticité et les points de vue développés ». Bref, il faut mélanger expertise et vécu. D’où ma question du début de ce texte. Est-ce que je suis dans le bon mix ? Suis-je trop personnel ? Aurais-je dû vous avouer pour la sieste, les ongles et Mylène. Ou non ? Un dilemme quasi shakespearien. Enfin, un peu plus rien que Shakespeare.