23 septembre 2024
Parfois, lorsque je reçois une invitation professionnelle, je me demande s’il n’y a pas une erreur. Pas sur le nom, juste sur le fait qu’il n’a pas été effacé des listes d’envoi depuis un an. Ce n’est ni de la modestie mal placée, ni du défaitisme face à l’âge mais le simple constat que le temps passe. Avec une pincée de parano, c’est mon petit secret de fabrication. Et justement, la semaine dernière, j’étais invité à l’anniversaire d’une agence de pub qui fêtait ses 40 ans. C’est beaucoup et peu. Beaucoup, parce que le métier a profondément changé pendant cette période mais aussi parce que je me souviens encore de la campagne de lancement de l’agence. Elle s’appelle Australie et les affiches étaient à l’envers ce qui les rendait particulièrement remarquables dans leurs panneaux éclairés lorsque je prenais le taxi après avoir fait ma revue de presse toute la nuit. Oui, j’ai l’impression que c’était hier. Et non, je ne me souviens pas du lancement de l’agence Havas en 1853. On ne rit pas au fond, merci. Tout cela pour vous dire que quand j’arrive à l’accueil de ce genre de soirée, j’ai un petit pincement au moment de dire mon nom, comme s’il y avait un risque que l’on me dise : « Ah désolé monsieur, c’est une erreur ». Ce qui n’est heureusement jamais le cas. Et puis, passé ce cap, je me demande si je vais connaître quelqu’un dans cette foule. Un instant je me dis que si ça se trouve, je vais me retrouver seul au buffet à manger et boire – c’est déjà ça — et que je rentrerai tôt. Mais non, je croise des visages connus, tombe dans les bras des uns, embrasse les autres, ou serre poliment des mains. On discute, on rit, on se souvient, on se projette. Et on rentre beaucoup plus tard que prévu. Cela m’est revenu ce matin en apprenant que les nouveaux ministres prenaient leur petit déjeuner à Matignon pour faire connaissance. Je me suis demandé s’il n’y en avait pas qui, en arrivant rue de Varenne, ne s’était pas demandé s’il y avait une erreur sur leur nom et s’il – ou elle – allait connaître des gens. Et si la fête allait durer longtemps.