18 septembre 2024
J’ai déjà dû vous expliquer comment je regarde la télé. Car je regarde la télé. Le soir, pendant une heure environ. Je passe d’un film à l’autre à la recherche d’une bonne fin. L’idéale étant celle d’un blockbuster dont il est aisé de comprendre le début et qui sont les gentils et les méchants. Surtout les méchants. Le problème, c’est que les multidiffusions font que je revois souvent les mêmes films. Mais pas forcément au même moment. D’où un petit exercice consistant à savoir si j’ai déjà vu cette histoire et si j’en connais la fin. Hier, je n’ai pas eu ce problème en voyant Tom Cruise exécuter d’improbables cascades. C’était évidemment Mission : Impossible. En ce qui me concerne, la principale impossibilité est de savoir de quel opus il s’agit. Mais cela n’a aucune importance, le plaisir est juste un peu différent. Ce ne sont pas les sauts et acrobaties qui me fascinent – et encore moins le scénario — mais la capacité du personnage à saisir instantanément toutes les situations. Rien ne l’étonne. Il s’adapte et réagit à la seconde. Tout mon contraire. J’aurais été dans son équipe, je serais hors-service ou viré depuis longtemps, en admettant que j’ai réussi les épreuves d’admission. Il me faut toujours un délai pour piger. C’est peut-être le syndrome du diplodocus dont j’avais lu qu’il fallait quelques longues secondes pour que les informations parties de son petit cerveau atteignent ses lointaines pattes. Ainsi hier en apprenant l’explosion de centaine de pagers appartenant à des membres du Hezbollah, je suis resté confus un certain temps. D’abord parce que j’avais oublié ce qu’étaient ces bipeurs et ensuite parce que j’ignorais qu’ils servaient encore. Il me semble que je n’ai pas eu le temps d’en posséder dans les années 90 tant la mode avait été fugace. Mais comment ces appareils pouvaient-ils exploser et pourquoi ? J’en étais là de mes interrogations lorsque j’ai lu dans un autre article que l’Ukraine avait attaqué une base russe en Syrie. En Syrie ? Là, j’ai commencé à craindre pour ma santé mentale, en suspectant la fraîcheur de la sauce aux champignons du déjeuner. Et puis j’ai vu que le Premier ministre voulait augmenter les impôts avant même d’avoir un gouvernement. Ça m’a rassuré. Les champignons n’y sont pour rien. C’est l’actu qui est impossible.
