12 septembre 2024
La première fois que je suis rentré des Etats-Unis où j’avais passé quelques mois pour améliorer mon anglais, j’étais assis dans l’avion à côté d’une jeune femme qui était tout excitée à l’idée de se rendre pour la première fois en Europe. Elle m’explique qu’elle veut visiter des tas de villes et sort une carte sur laquelle elle pointe Berlin, Athènes ou Lisbonne – c’était il y a très, mais vraiment très longtemps – et me demande dans quel Etat se trouvent ces villes. Un peu comme si je lui demandais si Saint-Louis est dans le Minnesota ou Des Moines dans l’Iowa. J’ai alors pris encore un peu plus conscience de la différence qui nous séparait dans notre perception du monde, d’un côté et de l’autre de l’océan. J’adore les États-Unis d’Amérique ! Je le proclame clairement. C’est un pays que j’ai toujours plaisir à visiter une fois l’interrogatoire de l’officier d’immigration passé. L’accueil des Américains est souvent très chaleureux, j’y ai fait souvent d’incroyables rencontres, probablement impossibles sous nos latitudes – comme de faire un bœuf (nous sommes d’accord qu’il s’agit d’un impromptu musical et non de l’animal ?) dans la rue avec un inconnu. Ce pays est impressionnant dans tous ses aspects, positifs comme négatifs, et on a toujours l’impression d’être dans le décor d’un film ou d’une série TV. Mais il y a aussi une étrangeté due au fait que si, par bien des aspects, il ressemble à ce que nous connaissons chez nous, il est profondément différent dans son mode de fonctionnement. Autant d’observations d’une très grande banalité, j’en conviens, mais qui sont revenues en force ce matin quand j’ai entendu qu’une très forte minorité des habitants de ce pays croyaient réellement que Taylor Swift était manipulée par le Pentagone – bon, pourquoi pas ? – mais qu’en plus, elle n’était ni une femme, ni peut-être même un être humain. Tout cela parce qu’elle a apporté son soutien à Kamala Harris au terme d’un débat dans lequel l’adversaire de celle-ci avait prétendu que certains immigrants mangeaient des animaux domestiques. Ces mêmes individus suspectent naturellement la vice-présidente de ne pas être née sur notre planète… Je ne prétends pas qu’il n’y a pas certains de nos concitoyens qui soient convaincus qu’Emmanuel Macron est un Martien ou que sa femme est un homme. Mais j’ai la faiblesse de penser qu’ils sont proportionnellement moins nombreux que leur équivalent d’outre-Atlantique. Je suis probablement d’une grande naïveté. Après tout, beaucoup d’entre nous croient que nous aurons bientôt un gouvernement. Composé exclusivement d’êtres humains.