6 septembre 2024
J’ai acheté un jeu vidéo. Vous ne vous y attendiez pas ? Je comprends. Mais en réalité, c’est que vous ne me connaissez pas si bien car cela m’arrive très souvent. Surtout depuis que l’on peut le faire sur une plateforme où il suffit de cliquer trois fois – dont une pour payer – avant de pouvoir lancer le programme. Celui que j’ai acheté hier n’est pas à proprement parler une nouveauté. C’est même plutôt le contraire puisque c’est la mise au goût – et à la technologie — du jour d’un très vieux jeu qui s’appelle Myst. Vérification faite, il est sorti en 1993 et je crois bien y avoir joué cette année-là. Oui, certains d’entre vous peuvent être étonnés de découvrir qu’il y avait déjà des jeux vidéo en cette lointaine époque. Et pourtant. Certes, on ne les téléchargeait pas en quelques minutes et il fallait sortir de chez soi pour acheter une grosse boîte qui renfermait un fin CD-ROM. Et parfois un épais mode d’emploi. Ce qui n’était pas le cas de celui dont je vous entretiens ce matin car c’est précisément dans l’absence de toutes directives ou explications que réside son intérêt. Pour ceux qui ne connaissent pas, vous incarnez quelqu’un qui se trouve sur une petite île parsemée de bâtiments baroques, d’objets et appareils à l’utilité et au fonctionnement inconnus. Le paysage est superbe, le temps au beau fixe, aucune autre créature ne hante ces lieux et nul ne vous dit ce qu’il faut faire. Myst est souvent considéré comme une œuvre majeure et je partage absolument cette opinion. Et voilà que j’ai appris avec beaucoup de retard qu’il avait été réédité et surtout que le gameplay, comme disent les gamers, avait été modernisé. Et c’est ainsi que 31 ans plus tard, je me suis retrouvé à nouveau en ce lieu avec pour seul son le bruit du vent. Un émerveillement. Le problème, c’est que contrairement aux ordinateurs, ma mémoire s’est plutôt dégradée en trois décennies et je ne me souviens absolument plus de ce qu’il faut faire. Et après avoir revisité ces lieux, tourné quelques manettes et actionné quelques leviers sans effet, je me suis demandé ce que je faisais là. Un peu comme Michel Barnier quand il s’est installé dans son nouveau bureau.