28 mai 2024
Il y a des mots que je n’aime pas. Non pour ce qu’ils disent, comme racisme ou intolérance, ou parce qu’ils sont insultants ou insupportables – je vous laisse choisir des exemples — mais simplement parce que leur sonorité m’est désagréable. Ainsi « cagnottage » me heurte les yeux et les oreilles, allez savoir pourquoi. Je peux juste dire que j’ai déjà du mal avec cagnotte et que ce suffixe rend ce mot encore plus moche. Je n’ai pourtant rien contre cette innocente pratique qui fait d’ailleurs l’objet d’opérations promotionnelles dans une enseigne que je fréquente régulièrement. Le fait de voir ce mot tapissé partout dans le magasin me le rend encore plus désagréable. Ce qui confirme que la répétition, l’un des piliers de la pratique publicitaire, peut avoir des effets inverses de ceux escomptés. Je ne cagnotterai jamais. Sauf si l’on me propose un autre mot. À l’inverse, il en est – des mots, c’est ce dont je parle depuis le début de cet article, merci d’être un peu attentif – qui me sont plaisants à l’oreille comme à l’esprit. « Revue », par exemple, que l’on utilise souvent pour éviter la répétition de « magazine » (qui n’est pas mal non plus). Par curiosité j’ai voulu savoir s’il y avait une différence entre les deux. Google m’a répondu sans me convaincre que « magazine s’utilise surtout pour désigner les périodiques illustrés d’intérêt général, publiés sur du papier glacé, alors que revue désigne plutôt les périodiques plus ou moins spécialisés ». Quoi qu’il en soit, je viens de feuilleter quelques numéros de L’Illustration. Ce sont des exemplaires datant d’un siècle environ qui, à mon humble avis, peuvent porter le beau nom de revue, là où Paris Match, qui en est en quelque sorte un descendant, est un magazine. De grandes photos illustrent des papiers écrits dans ce style inimitable de l’époque. Un pur plaisir. Ce qui est étonnant, c’est que la partie rédactionnelle proprement dite, est entourée par un cahier publicitaire assez conséquent. Il y a là des dizaines de réclames (encore un mot que j’adore) qui vantent moult marques dont certaines existent toujours. C’est émouvant, amusant, touchant. Et ça rappelle à mes amis publiphobes (j’en ai ?) que l’envahissement dont ils se plaignent, parfois légitimement, ne date pas d’hier. Et que ce n’était pas forcément mieux avant. Mais tout ça, ce sont des mots, n’est-ce pas?