3 mai 2024
Je vous racontais hier que j’avais acheté un livre de Paul Auster pas plus tard que la semaine dernière alors qu’il était encore vivant et qu’à peine l’avais-je commencé que ce grand auteur nous quittait. Eh bien, je ne voudrais inquiéter personne, mais je me suis souvenu par la suite que ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait. Ainsi, il y a quelques années, je lisais avec délice un livre de l’illustrateur Pierre Le Tan racontant sa jeunesse à travers des déambulations nostalgiques à la manière de Patrick Modiano (dont il illustra nombre de textes), lorsque sa mort fut annoncée dans la presse. Je sais que ces deux exemples ne suffisent pas à établir une loi d’airain selon laquelle les auteurs vivants dont je me régale risquent de passer à trépas avant que je n’en arrive au chapitre final. Mais peut-être faudrait-il établir un point de vigilance. Avant éventuellement de prévoir une mention incitant à la prudence lesdits écrivains. Ce serait un peu compliqué à mettre en place, j’en conviens. Mais quand je découvre les mesures préconisées par le rapport sur les enfants et les écrans récemment remis au président de la République, je me dis que ce n’est pas beaucoup plus simple. Le constat des rapporteurs est sans appel : les écrans, particulièrement ceux des smartphones, sont néfastes pour les plus jeunes. Non seulement pour leurs yeux mais aussi bien sûr pour leur cerveau. D’où des préconisations telles que l’interdiction totale avant l’âge de 3 ans, un âge minimal de 11 ans pour un téléphone portable et de 13 ans pour un smartphone. Soit. Même si on peut se poser la question de l’application effective de telles mesures. Mais là où les propositions se compliquent, c’est quand les experts préconisent d’interdire « les fils de déroulement infinis » sur les réseaux sociaux ainsi que les algorithmes de recommandation « sur la base du comportement antérieur » de l’utilisateur. Ce qui serait à peu près équivalent à demander aux constructeurs automobiles d’enlever le moteur et les roues de leurs autos au nom de la légitime sécurité routière. Ou à un éditorialiste de cesser de passer constamment du coq à l’âne au risque de rendre dingues ses lecteurs. Ah non ! Ça c’est impossible. Vraiment ?