Vous n’allez pas le croire, j’ai oublié ! Ah vous le croyez ? Vous me connaissez bien alors. Ce que j’ai zappé ? Ça, je m’en souviens car il n’est pas question ici de sénilité précoce et autres affections neurologiques liées à l’âge, juste de cette bonne vieille distraction qui me suit depuis toujours. Ainsi hier, alors que je terminais de rituel de mise en ligne de mon texte du jour, j’ai omis de le poster sur ma propre page, mediafredo.com. Je vous laisse imaginer les conséquences dramatiques de ce faux pas sur l’audience. C’est simple, elle est tombée à zéro, ce qui est assez logique compte tenu du fait qu’en temps ordinaires, elle ne vole pas beaucoup plus haut. Cet incident m’a en effet permis de constater que la fréquentation de ces pages est de l’ordre du fantomatique. Pas vraiment surprenant. Vous qui me lisez sur LinkedIn n’allez pas vous infliger une double peine juste pour titiller les statistiques mises aimablement à ma disposition par Google. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour souligner la bienveillance de ce géant pourtant fort critiqué, qui non seulement me fournit gracieusement des outils d’analyse fort complets quoique superfétatoires dans mon cas, mais a de plus l’élégance de s’abstenir de tout commentaire ironique sur les performances de mon site. Une bienveillance numérique aussi rare et convoitée que certaines terres. Raison pour laquelle je me satisfais du niveau de popularité de mes élucubrations. Pour avoir été exposé en d’autres temps et en raison de mes fonctions de directeur de journal à la vindicte de redresseurs de torts anonymes et aigris, je préfère nettement que nous restions entre nous. Appelons ça la sagesse de l’âge, il faut bien que cela ait des avantages. C’est ce qui m’est venu à l’esprit en apprenant ce matin que Thomas Pesquet avait renoncé à aller sur Mars. À vrai dire je ne savais pas que c’était prévu mais c’est la justification qui m’a interpellé. Selon lui, l’idée de passer un an de voyage dans un vaisseau spatial isolé au milieu du vide, sans rien à regarder par la fenêtre est un Himalaya de l’ennui. Sans compter que le retour – tout aussi rasoir – n’est pas totalement garanti. Mais plus encore que ces désagréments, ce qui conduit notre spationaute national à renoncer à son rêve est le fait qu’il aura plus de 60 ans lorsque cette hypothétique odyssée sera éventuellement possible. Je lui aurai bien proposé de l’accompagner pour le distraire mais j’en aurai plus de 90. Et dans ce cas, aucun retour n’est prévu.

Written by
Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.