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Bras cassés

Ce n’est pas parce que certains sont en vacances qu’il faut se laisser aller. C’est pourquoi en ce lundi assez maussade je ne vais pas hésiter à aller au fond des choses. Car c’est précisément d’elles dont je veux vous entretenir. Des choses. Elles ont une vie qui leur est propre, je ne vous apprends rien. Les objets en dépit de leur apparente inertie ont une forme d’animation particulière. Il est possible que certaines personnes – dont je suis – soient plus exposées que d’autres à ce phénomène. Peut-être y sont-elles simplement plus attentives ? Ou plus sensibles ? Je laisse le sujet à la réflexion du lecteur. Car en ce qui me concerne, je suis dans l’action. La Recherche, avec une majuscule. Non point des causes de ce phénomène aussi mystérieux qu’universel, mais de son mécanisme. Ainsi il est indubitable que les objets qui vont par paires s’éclipsent plus fréquemment que leurs équivalents unitaires. Il en va ainsi des vêtements mais également des ciseaux (des claques aussi, mais c’est un autre sujet). Je ne me contente cependant pas d’être un Sherlock Holmes domestique, un Darwin de cuisine, je suis aussi un visionnaire, en toute modestie comme il se doit. C’est ainsi que je peux révéler ici que l’une des raisons qui m’ont poussé à adopter le rouge comme couleur unique de mes chaussettes participe de cette entreprise. Car je ne suis pas un simple dandy singeant d’anciens Premiers ministres par le bas mais un gars décidé à rompre une malédiction grâce à ce subterfuge permettant d’associer des socquettes et mi-bas dépareillés sans qu’il n’y paraisse. C’est un peu plus compliqué pour les gants dont je possède une collection assez importante pour piloter ma moto en toute sécurité et par tous les temps. Ceux-ci ne s’éclipsent que fort rarement mais tel n’est pas le cas de leurs cousins sous-gants qui profitent probablement de la belle saison pour disparaître une fois les frimas revenus, comme j’ai pu le constater ce week-end. Respectant cette loi d’airain qui veut qu’il n’en reste qu’un, j’ai retourné le sac où l’autre devrait se cacher, sans succès. La mort dans l’âme, je me suis résolu à n’en porter aucun et à avoir froid aux deux mains. Un moindre mal comparé à ces gants retrouvés au Louvre par les enquêteurs. Parce que là, ce n’est pas de la malchance ou de l’étourderie. Ces montes en l’air sont des bras cassés. Ce n’est pas la peine de cacher ses empreintes digitales pour abandonner un sac d’ADN. Autant laisser sa carte de visite dans la vitrine de la couronne de la reine Marguerite. Et dire que Danny Ocean lui-même, enfin George Clooney, faisait part ce week-end de son admiration face à ces audacieux qui lui avaient volé son personnage. Tout se perd.