J’ai écrit un livre ! Ce n’est pas un roman, rassurez-vous, je n’ai pas l’intention de remporter le Goncourt. Ni un programme pour me présenter à l’élection présidentielle. Non, c’est une histoire de la liberté de la presse à destination des lycéens. Ça ne date pas d’hier puisque ce bouquin a été commis il y a un bon quart de siècle. C’était comme on dit, un ouvrage de commande. Celle-ci avait été passée à Isabelle Girard, une journaliste avec qui nous partagions un bureau à l’Événement du Jeudi qui, me sachant assez spécialiste de la question, m’avait proposé de l’écrire avec elle. Ce que j’avais accepté et ce qui m’a permis de toucher du doigt la difficulté de la tâche et de me convaincre que je n’étais pas fait pour. Une histoire qui m’a laissé de beaux souvenirs cependant, en particulier la petite porte du 5 de la rue Gaston Gallimard par laquelle nous entrions. Car oui, nous étions édités par cette prestigieuse maison. Mais pas de Blanche ou de Noire pour nous. Nous traversions le hall d’entrée sous les portraits des grands auteurs avant de grimper dans les hauteurs où se situaient les bureaux de la section Éducation quelque part sous les combles. En écrivant ses lignes, les muscles de mon cou me rappellent que la pente du toit mansardé était telle que je ne pouvais y tenir debout. Si je vous fais part aujourd’hui de cette expérience, c’est que je viens de recevoir un courrier m’informant qu’au cours de la période courant du 1er juillet 2024 au 30 juin 2025, il s’est vendu pas mois de quatre exemplaires de « Lire la presse », dont vous remarquerez au passage la subtilité du titre. Qui a bien pu payer 5,88 euros hors taxes pour un manuel parascolaire parfaitement obsolète ? C’est une énigme bien plus complexe que l’identité des auteurs du fric-frac du Louvre. En examinant de plus près le bordereau, je me suis aperçu que pas moins de 3 770 exemplaires avaient été écoulés depuis 1999, ce qui me semble être une performance honorable. La ligne du bas m’informe enfin que les ventes annuelles vont générer la somme rondelette de 0,59 € de droits d’auteur mais il n’est pas précisé si nous devons la diviser entre nous. De toute façon, il est spécifié qu’en dessous de cinquante euros, le versement est reporté au prochain relevé, sauf demande expresse des ayants-droit. Je crois que je vais laisser cet argent à mon éditeur. Autant garder ce pactole pour mes vieux jours. Des fois que les pensions de retraite ne dégèleraient pas avant le déluge.

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Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.