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Profond hommage

Sur le chemin qui me mène au marché le dimanche, il y a une église. Elle ne présente pas d’intérêt particulier sur le plan architectural. Construite en ciment aggloméré dans un style néogothique approximatif, elle date du début du XXe siècle, ai-je appris sur internet. Elle est posée au milieu d’un assez grand terrain que l’on ne peut décemment qualifier de jardin ou de parc si ce n’est pour y garer les voitures des fidèles. C’est d’ailleurs à leur présence et à l’activité qui règne autour que je peux évaluer si j’ai encore des chances de trouver mes huîtres favorites quelques centaines de mètres plus loin. Que l’on voie de l’agitation autour des autos tandis que les cloches sonnent signifie que cela se présente mal sur le plan ostréicole. Cependant, si je suis à l’heure, le calme règne et la seule rumeur que l’on perçoit est celle des chants liturgiques accompagnés par un orgue dont je ne peux juger de la qualité sonore étant donné la distance. Et le ciment aggloméré. N’étant jamais entré dans ce monument, je ne sais donc pas à quoi ressemble cet instrument que je tiens pour l’un des plus beaux qui soient. Quand par hasard, j’en entends un qui joue à l’occasion d’une visite, je suis saisi d’un enchantement à l’écoute des sons profonds magnifiés par la caisse de résonance géante que constitue le bâtiment. Lors de ma dernière escapade vers la Bretagne, le mois dernier, je suis ainsi resté interdit et charmé dans une cathédrale où un musicien invisible semblait s’exercer. Des petits bouts de phrases musicales, partitas et fugues qui n’étaient pas loin de me tirer des larmes tant l’harmonie des basses profondissimes sur lesquelles chantaient des aigus flûtés était touchante. Je serais presque prêt à croire en un dieu, tellement ces sons sont merveilleux. Ils sont cependant joués par des humains qui doivent avoir quelque chose de plus que le commun des mortels pour arriver à maîtriser les claviers, pédales et autres registres. Il me faudrait au moins deux vies pour arriver à comprendre comment cela fonctionne et une troisième pour commencer à jouer des harmonies qui ne soient pas trop dissonantes. Pas plus de chances que cela n’arrive que j’entre dans les ordres. Cependant, à l’heure où vous lirez ces lignes, je serai dans une église pour rendre un dernier hommage à Hervé Brossard, dont je vous ai parlé la semaine dernière. Un moment solennel et triste pour saluer un ami. Puissent l’orgue et son serviteur nous enchanter et alléger la douleur.

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