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La passion et l’espoir

Hier, j’ai regardé un grand prix de Formule 1. Pas de quoi en faire un plat, les plus avertis d’entre vous – et je sais qu’il y en a – feront remarquer aux autres que c’est la dix-huitième fois de l’année. Comme j’avais d’autres obligations familiales à l’heure du départ, j’ai vu cette course en différé. Pour tout dire, cette épreuve a été assez ennuyeuse, le classement de l’arrivée ressemblant beaucoup à celui du départ. Il en est ainsi de nombre de compétitions sportives. On se demande pourquoi on les regarde. La réponse tient en deux mots, la passion et l’espoir. Celui d’assister à un exploit, d’être tenu en haleine, de vibrer ne serait-ce que l’espace d’un instant. Ce ne fut pas le cas hier mais cela ne m’empêchera pas d’être à nouveau devant mon écran dans quinze jours. L’heure de la sieste étant passée depuis longtemps, je ne me suis pas assoupi, mais j’ai été tenté d’accélérer un peu le temps pour arriver plus vite à la conclusion qui me paraissait évidente. J’ai cependant résisté et la nuit était tombée sur Paris lorsque cette course nocturne car disputée à l’autre bout du monde, s’est enfin achevée. Le temps de m’ébrouer pour sortir de ma torpeur, le smartphone s’est mis à vibrer pour m’informer de la nomination d’un gouvernement. Moi qui avais attendu un événement toute la soirée, je n’aurais pas dû être déçu. Certes, je ne m’y attendais pas, ne suivant plus depuis longtemps les développements de cette actualité déplorable. Mais j’avoue avoir été surpris par la composition de l’équipe entrante formidablement proche de la sortante. Au moins, me suis-je dit, les ministres pourraient effacer le mot « démissionnaire » de l’intitulé de leur poste. Les affaires politiques reprenaient donc avec ce même train-train que des pilotes incapables de doubler leurs adversaires pendant une heure et demie. Écrasé par l’ennui, il ne me restait plus qu’à aller me coucher au terme d’une journée qui aurait été oubliable si elle n’avait été l’occasion d’assister aux premiers pas de mon petit-fils. Voir la fierté de ce petit bonhomme quand il se lance vers vous en équilibre encore précaire est un bonheur absolu. Tout comme lorsqu’il retombe sur ses fesses après une tentative ratée, en provoquant un fou rire partagé. Une hilarité assez différente de celle qui m’a saisie alors que je m’apprêtais à écrire le présent texte et que mon téléphone m’a alerté de la démission du nouvel ancien Premier ministre. Un rire sans passion ni espoir. Nerveux.