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Puissant silence

L’autre jour, si vous vous en souvenez, je vous avouais que je n’étais pas fier de l’attitude peu amène que j’avais eue à l’égard d’une jeune femme qui sonnait à ma porte. Si vous ne vous en souvenez pas, prenez votre Mémorex ou cliquez ici. Eh bien aujourd’hui, j’ai la joie de vous annoncer que je suis fier de moi. Pas tant d’avoir publié hier le trois centième Daily Text — encore que je ne fusse pas sûr d’en faire plus de dix quand j’ai commencé l’année dernière – que par le retentissement de ce travail. Grâce à vous bien sûr, mes chers lecteurs, abonnés ou non, qui m’encouragez tous les jours de réactions ou de commentaires. Mais ce qui me rend particulièrement crâneur ce matin, c’est que ces textes ont maintenant une portée concrète, que dis-je une influence décisive bien au-delà de notre petite communauté. Rappelez-vous qu’hier, je vous narrais mes difficultés à me désabonner d’un service d’assurance obsolète. Eh bien paf, à peine cet édito terminé, avec cette persévérance qui me caractérise pourtant si peu, je reprenais mon téléphone pour une nouvelle tentative de contact avec un être humain. Essai couronné de succès après seulement quelques secondes, preuve que mon texte avait eu un effet immédiat sur les responsables de la société d’assurance inquiets de leur réputation. Dans le même ordre d’idée, il y a un peu plus longtemps – je comprendrai donc que cela vous a échappé – je vous avais fait part de mes démarches pour renouveler mes papiers d’identité (en relisant cette phrase, je réalise à quel point la vie que je vous partage est passionnante). Eh bien repaf, ce matin ma montre connectée a vibré alors que je sommeillais encore pour m’annoncer que ces documents m’attendaient en la mairie où je les avais demandés. Autre preuve irréfutable de l’impact grandissant de ce média, en particulier sur l’administration et par-delà, les pouvoirs publics. Aussi en ces temps où des propos ironiques peuvent valoir bien des soucis à leurs auteurs, comme on l’a constaté de l’autre côté de l’Atlantique, je préfère m’en tenir à une prudence extrême sur la situation politique du moment. À l’instar du président de la Cour des comptes qui ce matin à la radio, se réfugiait derrière son statut de magistrat pour s’interdire de commenter une décision de justice, je resterai coi sur ce dossier. Je n’en pense pas moins mais je le garde pour moi. Pas très courageux ? Pas moins que les grands de ce monde qui se taisent devant la bêtise du plus puissant des leurs.