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Non d’un chien

Encore une de mes bizarreries. L’un de mes mots préférés en anglais, est « nasty ». Peu de choses me réjouissent plus que lorsque j’entends un commentateur anglophone de course automobile qualifier une action en piste de « nasty move », avec l’emphase sur le « a ». Et quand c’est un Australien qui le prononce, cela touche au sublime. Si je vous avoue ce petit plaisir pervers, c’est que j’ai moi-même été un méchant garçon hier alors que je vaquais à quelques tâches dans mon jardin. Cette activité assez vaine fut interrompue par une jeune femme qui m’interpellait à travers la grille du portail. La baballe de son chien était tombée par mégarde au-delà de la clôture m’expliqua-t-elle très poliment en m’indiquant un point ou l’objet avait vraisemblablement chuté. Le problème, lui répondis-je est que l’endroit qu’elle me montrait se trouvait dans la propriété de mes voisins et que par conséquent je ne pouvais rien y faire. Ce qui était vrai. D’autant plus dépitée que l’entrée de ladite maison se trouve relativement loin de la mienne, elle me demande si par hasard, je n’aurais pas un grand bâton qui lui permettrait, espère-t-elle, d’attraper le jouet de son animal. Et là, sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi, je lui réponds d’un « non » sec. Vous avez des « non » qui laissent un espoir, des « non » désolés, d’autres d’où l’on peut même entrevoir un « peut-être ». Le mien fut sans appel. Même le sourire avec lequel il fut asséné n’était pas de nature à l’adoucir. Et nous en restâmes là. Pourquoi avais-je été si peu compréhensif ? Le temps était pourtant plaisant, l’activité que cette dame avait interrompue n’avait rien d’impérieux, sa demande n’était pas déraisonnable et gentiment formulée. Quant au chien ma foi, il était plutôt foufou mais assez mignon. En la laissant s’éloigner je fus traversé d’un remords fugace, tout en me demandant si en cherchant bien, j’aurais trouvé un outil idoine. Enterrant prestement ce sentiment de culpabilité, je reprenais mon ratissage pré automnal non sans m’interroger sur mon comportement peu social. Une tête d’épingle à l’échelle de la violence qui blesse notre monde, mais pas de quoi être fier. Quant à savoir ce qui avait motivé cet accès de méchanceté, le mystère est total. Seule certitude, le paracétamol, que je consomme pourtant trop fréquemment, n’y est pour rien.