Il y a peu de choses qui m’ennuient plus que les répétitions. En musique n’en parlons pas, cela consiste en ce qui me concerne, à enchaîner des fausses notes. Même quand il s’agissait des événements professionnels que je présentais, c’était une épreuve, nécessaire certes, mais pénible pour l’improvisateur que je suis. Plus que le mot, c’est le concept même de « répétition » m’est désagréable. Je n’aime pas ce qui se répète. C’est de la variation que naît le plaisir. Comme dans le Boléro de Ravel. J’applique donc cette pratique – je n’ose écrire philosophie, il ne faut quand même pas exagérer – à mes lectures. Ainsi cette semaine, j’ai terminé un policier américain hyperviolent, assez classique dans sa structure narrative et dont la principale caractéristique est que le héros est noir, ce qui n’est pas rien en Virginie, ancien état sudiste. C’est rythmé, plaisant à défaut d’être original. Ça s’appelle « Les routes oubliées » et c’est signé S.A Cosby. En refermant le livre, je me suis donc demandé avec quoi j’allais enchaîner. Après une courte recherche je me suis aperçu qu’il me restait un bouquin acheté pour les vacances et oublié dans un coin. Manque de chance, c’était encore un policier américain. Puis, comme je laissais mon regard traîner sur la bibliothèque, mes yeux se sont arrêtés sur un autre ouvrage arrivé là récemment : « Oui Oui veut faire fortune ». Oh, je les vois vos yeux rieurs. Vous vous dites que je me moque de vous. Eh bien pas du tout. J’ai vraiment ce petit volume d’Enid Blyton dans mes rayonnages. Je ne vous ferais pas perdre votre temps en vous expliquant comment il est arrivé là, sachez simplement qu’il s’agit en quelque sorte d’un héritage et qu’il correspond à une culture familiale bien ancrée. Mais peu importe, c’était la rupture que je cherchais. Je m’y suis donc plongé. Prudemment parce que ce n’est pas très profond. Stylistiquement, aucun doute, le registre est sensiblement plus léger que celui du roman noir. Mais au fond, il y avait quelque chose de commun avec celui que je venais de terminer. Une histoire de voitures volées, de poursuites et d’enquête pour la récupérer. La tension est légèrement moindre dans Oui Oui sauf si l’on considère l’âge moyen des lecteurs qui doivent être terrifiés par le piège diabolique tendu au sympathique chauffeur de taxi par les infâmes korrigans. Mais ne vous inquiétez pas, je ne vous spoilerais pas. Je ne vous dirai pas si le garçon aux grelots réussi à s’enrichir. Quant à savoir s’il se fera taxer, c’est dans la suite : « Oui Oui entre au gouvernement ». Date de sortie inconnue.

Written by
Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.