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Humanité numérique

14 mars 2024

Je suis un bon citoyen. Je l’affirme publiquement, au cas où vous en auriez douté. Mais je ne doute pas qu’aucun d’entre vous n’en doute (prenez votre temps). Ce que je veux souligner est que non seulement je respecte aussi scrupuleusement les lois de la République, mais quand par inadvertance je les enfreins et que l’Etat, usant de son pouvoir légitime, m’inflige une amende, je la paye. Je maugrée mais je la paye. Il arrive cependant que les institutions, aussi soucieuses du bien public qu’elles soient, s’égarent et commettent, elles aussi, des erreurs. Mais là encore, dans sa grande sagesse, la puissance publique prévoit un droit de contestation de manière que nul ne soit injustement puni. C’est beau et juste. Ainsi, ayant reçu un avis de contravention pour un stationnement payant non payé – un Forfait de post-stationnement, dans cette belle langue administrative — je m’apprêtais à m’en acquitter le sourcil froncé mais la conscience apaisée lorsque je m’aperçus que cette amende m’était infligée par erreur. En effet, elle concernait un véhicule, qui du fait de sa propulsion douce et silencieuse n’est pas (encore ?) sujet à la redevance de stationnement. Aussi, suivant les indications astucieusement cachées sur le formulaire, je me connectais au site pour y formuler mon recours administratif préalable obligatoire, autrement dit mon RAPO, pour les connaisseurs. Ainsi commençais-je une navigation au long cours, remplissant moult champs obligatoires, téléchargeant autant de documents justificatifs, pour arriver enfin à la dernière page. Et découvrir que seul le bouton « poursuivre plus tard », était visible sans possibilité d’envoyer mon f**, p** de recours de m**. Pris d’un légitime désarroi, je cherchais, recommençais, remplissais de nouveaux formulaires avant qu’une idée lumineuse mais tardive me pousse à changer de navigateur. Délaissant Chrome, je tentais ma chance avec Mozilla et là, miracle, le bouton « Envoyer votre demande », brillait de son rouge triomphant. La vue brouillée par mes larmes de gratitude, je cliquais pour recevoir quelques secondes plus tard un mail confirmant que ma demande serait examinée sous un mois. Merveille de la technique et de l’humanité numérique. Qu’une ligne de code vous manque et tout est détraqué. Mais je ne paierai pas.