Serait-ce un premier signe de dégradation mentale ? De sénilité précoce pour dire les choses crûment ? Toujours est-il que cela fait deux fois consécutivement que j’oublie de prendre mes clés en sortant faire une course et que je me retrouve confiné dans le jardin à attendre que mon épouse rentre de ses propres occupations. Par chance, la météo clémente de ces derniers jours me permet de patienter assez agréablement, comme hier lorsque je me suis permis une petite sieste dans le jardin. Je rentrais de la boutique Apple après que mon téléphone m’eut informé que sa batterie était en triste condition. Face à ce genre de situation, on peut avoir deux réactions : pester contre l’obsolescence honteusement programmée par de cupides sociétés sans scrupule ou se réjouir de voir une petite machine être capable de s’autodiagnostiquer évitant ainsi de pires désagréments. N’étant pas particulièrement paranoïaque, d’un indéfectible optimisme et assez technophile, je ne vous surprendrai probablement pas en vous disant que ce message d’alerte m’a plutôt rassuré. D’autant que dans la foulée, on me proposait de prendre rendez-vous pour le remplacement de la pièce défectueuse tout en estimant le coût de l’intervention à une somme dont il s’avère qu’elle est environ quinze fois moins élevée que celle du dernier modèle de la gamme. Raison pour laquelle j’ai été accueilli comme une vieille connaissance par un jeune homme qui m’a instantanément appelé par mon prénom dès que je lui ai présenté le QR code idoine. Après avoir été pris en charge – enfin surtout mon iPhone – tout aussi aimablement et efficacement par l’un de ses collègues, je n’ai eu qu’à patienter une heure et demie avant que l’on me rende un appareil ayant retrouvé sa juvénile vitalité. Le tout pour un prix sensiblement inférieur à celui préalablement estimé, ainsi qu’en atteste la facture reçue par mail. Et c’est ainsi que quelques dizaines de minutes plus tard, rentrée à la maison, je trouvais portes et fenêtres soigneusement closes. D’une humeur toujours égale, je m’autorisais à laisser divaguer mon esprit, envisageant un monde où tout fonctionnerait comme cet appareil. Mes clefs me préviendraient qu’elles sont restées dans la poche d’un autre manteau. Le Premier ministre serait prévenu qu’il n’y a aucune chance que son budget soit adopté. Ah ça, il le savait déjà ? Même sans téléphone ? Et pour la facture, on fait comment ?

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Frédéric Roy
Ancien directeur de la rédaction de CB News disposant de beaucoup de temps après avoir longtemps couru derrière. J'écris tous les jours pour mon plaisir et, autant que possible, pour le vôtre.