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Visions nocturnes

10 juillet 2025

J’ai vu la vasque. Elle volait vraiment. Et non, je n’ai pas tiré une série de « v » dans le sac du Scrabble. Simplement, un an après le reste du monde, j’ai enfin découvert dans la réalité ce grand ballon doré et vaporeux s’élevant dans le ciel parisien. Nous étions quelques chanceux invités d’une agence de publicité qui dispose d’un appartement situé au sommet d’un immeuble de l’une des rues les plus prestigieuses de la capitale. Perchés sur la terrasse, nous l’avons ainsi vu s’élever au-dessus des toits parisiens, accompagnée par la pleine lune. L’astre de la nuit semblait aussi épaté que nous l’étions par ce spectacle mais contrairement à nous, il n’était pas tenté de le filmer. Et il a de la chance. Comment profiter pleinement d’une vue merveilleuse en résistant à la tentation de le capter ? Moi qui me suis gaussé l’an dernier des milliers de photos de cette flamme olympique aérienne, je n’ai pu m’empêcher de sortir mon smartphone pour garder un souvenir de ce moment. Jusqu’à ce que je prenne enfin conscience que ce que voyaient mes yeux était infiniment plus beau que ce que j’apercevais à travers l’écran. L’une des amies qui m’avait invité m’a d’ailleurs photographié de dos, le smartphone au bout des bras, tentant d’attraper la magie. Je garderai cette image pour essayer de me souvenir d’être sage la prochaine fois que j’aurai l’occasion d’assister à un spectacle exceptionnel. Mais je ne la partagerai pas au-delà de mon cercle intime, pas plus que celles de ces deux sphères illuminées flottant au-dessus des toits. Vous devrez vous contenter de l’imaginer. À ce propos, mon retour sur terre – et à la maison – a également été l’occasion de divaguer, mais pour d’autres raisons. En traversant les beaux quartiers en direction de l’Arc de Triomphe de l’Étoile, j’ai constaté que la circulation était largement constituée de véhicules militaires et policiers de toutes tailles et de toutes formes. Naturellement toutes ces troupes étaient là pour préparer le défilé de lundi prochain. Mais ce ballet nocturne d’engins à l’allure menaçante dont le flux était organisé par des hommes en armes avait tout de cette inquiétante étrangeté décrite par Freud. Une dystopie en contraste absolu avec la féerie précédente. Entre ces deux visions, j’ai fait mon choix. Celui des beaux rêves.