7 juillet 2025
C’est un quai de RER par une belle journée d’été. Il peut être trois heures de l’après-midi. La gare est presque en bout de ligne, plantée au milieu d’une petite ville cossue. D’un côté on peut voir les immeubles du centre, de l’autre les grandes pelouses qui caractérisent cette banlieue. Quelques voyageurs, une dizaine tout au plus attendent leur train, l’œil sur le smartphone, le casque vissé sur l’oreille. Soudain ce calme est rompu par quelques notes quasi dissonantes crachées par les haut-parleurs. S’ensuit une annonce prodiguée par une voix mâle et mielleuse avertissant que pour la sécurité des voyageurs, les sacs et effets personnels peuvent être fouillés par des agents de sûreté. Le silence retombe. Puis d’autres notes résonnent avant un nouveau message rappelant que les tickets de métro en carton disparaissent progressivement et que par conséquent, les voyageurs sont priés de se convertir à la carte Navigo à moins de télécharger une application disponible sur les sites idoines. Quelques secondes ont à peine le temps de s’écouler avant que le même message ne soit diffusé, cette fois-ci dans la plupart des langues de la planète, à l’exception de l’hindi et du norvégien. On se prend à espérer l’arrivée rapide de la prochaine rame lorsqu’une femme prend à son tour la parole pour prévenir l’ensemble des personnes présentes dans la gare qu’il fait chaud, très chaud et que la meilleure chose à faire dans cette situation est de boire pour s’hydrater et de « se mouiller la peau » (sic). Le fracas du métro se fait enfin entendre pour interrompre cette litanie d’annonces. Une fois en route, on remercierait presque la voix féminine de se contenter de nous annoncer, en deux fois et sur deux tons, le nom des arrêts. Et puis je réalise que les quelques riverains de cette station doivent vivre toutes leurs journées et une partie de leurs nuits au son de ces messages aussi répétitifs qu’inutiles. Peut-être certains de ces habitants trompent-ils leur inconfort sonore en philosophant. En se disant que ces voix doucereuses ne sont que le reflet d’une société qui préfère prévenir que guérir en multipliant les avertissements au risque de les rendre inaudibles. Un peu comme les mentions obligatoires au pied des pubs. Mais voilà que je m’emballe au risque d’entraîner des complications cardiaques. Attention : ce texte arrive à sa conclusion. Assurez-vous de l’avoir bien compris afin d’éviter de le relire. Pour votre santé mentale.