30 juin 2025
Non, pas plus que cet hiver je n’ai souhaité commenter les chutes de neige sur la région parisienne, je ne parlerai cet été de la chaleur dont, le bulletin météo matinal, seul rescapé de la grève à Radio France, m’a laissé entendre que nous n’en étions qu’au début. Il se trouve que j’ai été élevé dans un monde certes plus frais mais non dénué de coups de chaud pendant lesquels, à chaque fois que je m’en plaignais, mes parents m’expliquaient que le fait de le dire n’améliorait pas la situation, au contraire. Je ne sais si c’est vrai, mais je m’en tiens à cette philosophie. J’ai aussi grandi dans une société qui me semble avoir été moins directement brutale qu’elle ne l’est aujourd’hui. Elle n’était certes pas idyllique, la peine de mort y était en vigueur jusqu’en 1981, la guerre froide menaçait l’existence même de la planète et des catastrophes naturelles ponctuaient régulièrement l’actualité. Pourtant, tant au niveau international que national, il me semble que les relations étaient sensiblement plus policées, y compris entre adversaires politiques. Peut-être que cette époque était encore marquée par les violences verbales et physiques qui avaient mené insensiblement et implacablement au déclenchement d’une guerre mondiale. Celle-ci fait partie de l’histoire et les derniers à l’avoir vécu nous quittent, nous laissant sans témoignage vivant de ces temps. L’absence d’informations radiophoniques – l’appareil antédiluvien que j’utilise rend la recherche d’autre station tellement délicate que je n’ose m’y risquer — me protège au moins pour quelques jours de cette violence matinale. Pourtant, en entendant le message d’explication de l’arrêt de travail, je ne peux m’empêcher de penser que celui-ci, pour légitime qu’il puisse être, n’est qu’une faible réponse aux projets contre lesquels il se dresse. Tout journaliste média que je sois, je ne sais pas si le regroupement de l’ensemble du service public audiovisuel sous une seule société holding est une bonne chose. Mais je sais que c’est un serpent de mer si vieux qu’il pourrait figurer dans le dernier Jurassic Park. Ce qui est nouveau, c’est la manière dont la ministre de la Culture veut l’imposer. En cherchant l’affrontement. En s’inspirant ainsi de la manière dont les plus grandes puissances de notre monde sont dirigées. Sans égard pour qui ce soit. Si ce n’est pour son propre intérêt.