Ah comme je les aime ces matinées d’été, belles et prometteuses ! La chaleur monte doucement, les oiseaux gazouillent gentiment, les travailleurs passent prestement et les ouvriers de la maison d’en face commencent leur chantier bruyamment. Et pendant ce temps, je suis devant mon ordinateur à observer ce beau ballet. La tête vide. Pas de sujet du jour, rien qui m’ait interpellé dans les journaux matinaux et encore moins à la radio. Heureusement, je suis prévoyant. J’ai toujours une série de sujets que je garde au cas où. Rien n’est écrit, pas de notes, pas de papier ou de GPT. Tout est dans la tête. Des petits tiroirs mentaux dans lesquels je range des embryons d’idées, des hypothèses de sujets, des bouts d’anecdote. Ce n’est pas très bien ordonné mais je retrouve toujours ce que je cherche. Mais ce matin, le problème est légèrement différent car il s’agit d’une histoire dont je vous ai déjà fait part plus d’une fois et dont je dois vous avouer piteusement que la fin n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Le couple de cygnes qui constituaient l’attraction touristique locale et dont je vous ai déjà entretenu dans ces lignes a quitté les lieux. Pendant mon séjour au bord de la Méditerranée ces blancs oiseaux se sont envolés ne laissant nulle trace de leur séjour. Plus de nid, pas même une plume. Les œufs que la mère couvait avec patience depuis des semaines ont-ils enfin éclos ? Les petits ont-ils quitté le nid ? Le père en a-t-il eu assez de patrouiller sur la rivière ? Sommes-nous face à une mystification ourdie par quelques complotistes à plumes ? À moins qu’il ne s’agisse d’une version aviaire de l’affaire Dupont de Ligonnès. Seule certitude, aucun bombardier B2 n’a survolé la zone. Pour le reste, il me faut reconnaître que le mystère est total. Et le pire est que je n’ai nul recours. J’aurais bien, comme un Premier ministre désespéré après des mois de conclave sur les retraites, tenté une manœuvre de la dernière chance, mais je ne sais qui convoquer, à qui demander des comptes ou des explications. Il ne me reste plus qu’à espérer que vous ne rassembliez pas une majorité volatile pour voter une motion de censure. Ce serait mon chant du… D’accord, j’arrête.
