7 mars 2024
Je vous l’ai déjà expliqué il y a peu, je fréquente régulièrement mon marchand de journaux. Je dis « mon », parce que le magazine que j’achète chaque semaine (voir ici, si vous voulez savoir lequel), n’est plus disponible dans tous les points de vente par un louable souci d’économie de son éditeur. Je ne fréquente donc cette Maison de la Presse qu’une fois par semaine et j’ai souvent l’impression d’être seul devant les linéaires de journaux. La plupart des autres clients se répartissent entre la papeterie et la librairie. Une observation qui n’a aucune valeur statistique mais qui me revient en lisant de récentes infos sur la santé de la presse. Je reçois toujours des communiqués triomphants au sortir des vagues de contrôles de la diffusion ou de l’audience, mais nettement moins qu’auparavant. Ce qui n’est guère surprenant quand j’apprends qu’un quotidien comme Sud-Ouest s’apprête à nouveau à réduire son personnel pour faire face à des comptes difficiles ou que, plus positivement, des news comme l’Obs et Marianne renouvellent leurs formules pour relancer leurs ventes. Le premier va redevenir le Nouvel Obs, confirmant un mouvement circulaire dans l’histoire des idées. Quant au second, il va diviser sa pagination par deux pour se concentrer sur le web, suivant en cela une tendance lourde mais incertaine. Pas de critique dans cette dernière affirmation au contraire. L’incertitude est certainement le plus gros défi auquel tous les titres doivent faire face en ces temps de bouleversements économiques et techniques. Le journaliste média que je serai toujours s’inquiète souvent mais se rassure aussi quand il voit des journaux se redresser comme Libé ou d’autres continuer à susciter l’envie à l’instar de Paris Match convoité par l’insatiable Bernard Arnault. Au passage, que ceux qui s’affligeraient du fait que ce fleuron de notre presse passe dans les mains d’un milliardaire, se souviennent qu’il a été fondé par Jean Prouvost, un empereur du textile, sorte d’Arnault de son temps. Et que la première condition de l’indépendance d’un média est sa santé financière. Quelle que soit la fortune de son propriétaire.